Willy Ronis est le fils d’un émigré juif d’Odessa en Ukraine et d’une pianiste juive lituanienne, ayant fui au début du xxe siècle les pogroms. Mélomanes, ils se rencontrèrent dans une amicale d’exilés russes et s’installèrent dans le 9e arrondissement de Paris. Après un emploi de retoucheur en photographie dans un studio réputé, « pour effacer les rides des dames », son père ouvre son propre studio sous le pseudonyme de « Roness ». Leur fils, Willy, naît à Paris au pied de la butte Montmartre4. Pour ses 15 ans, son père lui offre un appareil photographique ; Willy Ronis veut cependant devenir compositeur de musique5. Cela ne l'empêchera pas de parcourir les rues de Paris et de s'essayer à la photographie. En 1929, il s'inscrit à la faculté de droit de la Sorbonne, dans l'objectif de devenir compositeur de musiques. Il découvre la Société Française de Photographie (notamment les travaux de Brassaï, Pierre Boucher, Rogi André) qui lui ouvre les yeux sur une pratique différente de la photographie que celle exercée par son père dans son studio : une pratique qui met en avant des images vivantes et anti-conventionnelles8. Mais lors de son retour du service militaire en 1932, son père, très malade, lui demande de l’aider au studio. Ainsi, Willy Ronis fait-il lui-même les tirages de ses photos. Il est peu intéressé par la photographie conventionnelle, mais se passionne pour les expositions de photographies. Alors que la gauche se mobilise amenant l’avènement du Front populaire aux législatives de 1936, le jeune photographe, partisan de telles idées, suit avec entrain les manifestations ouvrières d’alors et prend ses premiers clichés marquants qui seront publiés par la revue Regards. Cette année 1932 sera ainsi décisive pour lui puisqu’elle marquera la mort de son père (des suites d'un cancer, après une agonie de quatre ans) et la vente d’un studio qui périclitait et qui est vécu par Willy Ronis comme un fardeau. La famille déménage ensuite dans le 11e arrondissement.