David Bailey

David Bailey, né le 2 janvier 1938 à Leytonstone (Londres), est un photographe de mode et de portrait anglais, connu entre autres pour son rôle majeur de photographe du British Vogue dans les années 1960, ainsi que pour avoir inspiré au réalisateur Michelangelo Antonioni le personnage de Thomas le photographe pour son film Blow-Up. David Royston Bailey grandit dans l'East End. Alors que rien ne l'y destinait, il découvre la photographie pendant son service militaire dans la Royal Air Force en Malaisie, en 1956, grâce à des images de Henri Cartier-Bressonn. « J'avais le choix, âgé de seize ans. J'aurais pu être un musicien de jazz, un acteur ou un voleur de voiture. Ils disaient que je ne pouvais être photographe de mode […] ». Il devient en 1959 assistant du photographe John French à Londres. Il est, à l'âge de vingt-deux ans, sous contrat avec le British Vogue, ainsi que, tout en restant indépendant, du Daily Express, du Sunday Times, du Daily Telegraph, de Elle, ou de Glamour. David Bailey réalise au cours des années 1960 des documentaires sur Warhol ou Visconti ; mais également des films publicitaires jusqu'aux environs des années 2000, une grande source de revenus au cours de sa carrière, réalisant prêt de 1 500 spots. Durant l'époque du Swinging London il en devient l'un des symboles : figure majeure des sixties, il émerge parmi de nombreux photographes dans ce qui est à l'époque la Capitale de la mode, Londres. Il photographie la contre-culture en puisant son inspiration de la Nouvelle Vague et le cinéma. À l'aube de la révolution sexuelle, il change la photographie de mode et propulseront le photographe et son mannequin au rang d’icône des années 1960 en instaurant dans celle-ci une connotation sexuelle.

David Bailey réalise des photos avec les mannequins de l'époque, recherchant le naturel de ceux-ci : Paulene Stone avec qui il débute, Jean Shrimpton avec qui par ailleurs il aura une liaison durant quatre ans, divorçant de sa femme Penelope Tree. Il épouse Catherine Deneuve en 1965 à Londres. Ils se séparent en 1967 pour rejoindre Penelope Tree alors âgée de dix-sept ans, mais le divorce n'est prononcé qu'en 1972. Vers les années 1980, il épouse sa quatrième femme, prénommée également Catherine, et a trois enfants. Entre temps à la fin des années 1960, sa carrière de photographe de mode et publicité continue, mais il s'oriente peu à peu vers les paysages, l'architecture, les natures mortes, les nus, et le portrait. Ami depuis plusieurs décennies avec Mick Jagger, il photographie les Rolling Stones, puis explore ensuite le milieu Pop des années 1970 tout comme le mouvement hippie. En 2001, il est fait CBE, puis en 2005, il reçoit la médaille du centenaire de la Royal Photographic Society. Son style reste décrit comme « cadrage serré, fond blanc, pose minimale ». En 2016, il reçoit le prix pour l'œuvre d'une vie.

Bailey et la mode

« La mode ne m’intéresse pas. Lorsque j’ai commencé dans ce métier, à la fin des années 1950, la photo ne rapportait rien. La seule façon d’être créatif – mot que je déteste – et de gagner correctement sa vie était la mode, à moins d’aller se faire tuer en Corée ou de photographier des enfants mourant de faim. Je ne voulais pas aller vers le reportage. Je ne déprécie pas la mode, mais je n’aime pas ce milieu. Je m’entends bien avec Anna Wintour, mais nous n’avons pas les mêmes objectifs : si je photographie un homme en couverture, je veux qu’il ressemble à Serge Gainsbourg et non à un simple mannequin. Je veux que mes modèles portent leurs propres vêtements, peu de maquillage, qu’ils soient le plus vrai possible ; ce qui n’a plus rien à voir avec la fabrication d’une couverture de magazine aujourd’hui. »

Bailey et le portrait

« Je voulais que mes images ressemblent à des chansons de Cole Porter. Les portraits devaient sonner comme du blues, de la trompette… Je rêvais d’être Chet Baker. Mon imaginaire a été formé par le jazz et le cinéma hollywoodien. Si vous grandissiez à Londres dans les années 1940, vous n’aviez pas le choix : vous deviez mettre des pièces de monnaie dans le radiateur pour qu’il fonctionne. Alors c’était moins cher d’aller au cinéma. Avec ma sœur et ma mère, on se tenait chaud. On prenait des sandwichs à la confiture, du jus d’orange et on filait au cinéma jusqu’à cinq fois par semaine. A 12 ans, je savais qui était John Huston et Fred Astaire. C’était ma seule culture. Ce que je recherche ? La personnalité. Je vais vite, mais je parle beaucoup avant la séance pour mettre à l’aise. Un bon portrait ne tient qu’à votre communication avec l’autre. Je veux capter l’être ; pas de distraction, pas de palmiers dans le fond. Dans les années 1970, les séries mode montraient de vieilles télévisions de motel en arrière-plan qui projetaient des films sur la guerre du Vietnam… Ce sont des clichés, des clichés, des clichés. Les sixties en étaient pétries. D’ailleurs, je ne suis jamais sorti avec une fille qui s’habillait en Courrèges, portait une frange et mettait des lunettes rondes sur la tête. C’était affreux. »