Willliam Eggelston

Le photographe américain William Eggleston naît le 27 juillet 1939 à Memphis.


C’est en découvrant les travaux de Robert Frank et d’Henri Cartier-Bresson qu’Eggleston vient à la photographie, qu’il pratique d’abord en noir et blanc puis en couleur dès la fin des années 60. A partir de son environnement intime – la plantation familiale et la campagne du Tennessee, sa maison et les rues de Memphis - il se plonge dans une exploration sans fin de l’univers quotidien des gens qui, comme lui, vivent dans le Sud des Etats-Unis.

Son intérêt pour le banal le rapproche de Walker Evans, mais sa vision du monde et son style l’en écartent sensiblement. William Eggleston photographie tout, sans distinction ni hiérarchie, et son approche très libre du sujet n’a rien à voir avec les vues frontales et sans effets du style documentaire. Contrairement à Evans, il surprend et déstabilise par des points de vues inattendus, des cadrages et des compositions hors des canons esthétiques et la présence insistante de la couleur.

Dans les années 1970, cette ouverture à la couleur, logique dans la démarche d’un artiste qui entend prendre en compte toutes les composantes de la réalité, mais encore précoce dans l’histoire de l’art photographique, vaut à Eggleston la consécration du musée et la réputation en partie justifiée mais quelque peu envahissante d’inventeur de la photographie en couleur. Son exposition au MoMa de New York en 76 à l’invitation de John Szarkowski marque une date dans l’histoire de la photographie, celle de la reconnaissance de la photographie en couleur comme forme artistique à part entière.

Comme un acteur qui ne parvient pas à se libérer du rôle qui l’a rendu célèbre, Eggleston est resté longtemps prisonnier de l’étiquette aussi réductrice qu’excessive d’ «inventeur» de la photographie en couleur. C’est sans doute pour dissiper ce malentendu qu’il publie en 1989 The Democratic Forest, livre dans lequel il se proclame «en guerre contre l’évidence». «Un oeil démocratique, une guerre ouverte contre ce qui semble aller de soi : les deux se combinent, il faut voir ce qu’a priori on n’aurait pas regardé. Tout peut mériter l’attention, le déclic». (Anne Bertrand)